« Je propose une démarche d’interface entre réel et aliénation, entre vie et critique.
Je m’appuie sur des thèmes conceptuels, modulés plastiquement par l’énergie du geste et les traces.
Une figuration sociale qui se dessine alors et se transforme en une figuration de la conscience. »
Lignes et structures de l’apparition : la mémoire des territoires en question
Dans la série sur les paysages, Arancha Tejedor cherche à toucher la mémoire collective et à interroger notre façon d’habiter les territoires. À partir de la manière dont nous investissons subjectivement les images par nos souvenirs, les œuvres cherchent à déclencher un processus collectif de résonances entre les mondes intérieurs individuels.
Il ne s’agit pas de dénoter un paysage en particulier, mais de figurer l’apparition d’un paysage pour soi à partir de ses souvenirs les plus personnels. La figuration de cette image intérieure
prise dans son élan primitif est encore une multiplicité indifférenciée, elle est un germe de souvenir qui continue son individuation dans la mémoire du regardeur.
Ce travail s’appuie sur une exploration des lignes et de leur pouvoir organisateur de l’expérience visuelle. Les lignes procèdent par incision dans l’espace à voir; elles organisent une
circulation, questionnent le point de vue et invitent ainsi à se situer. Ce
sont elles qui permettent d’en faire le lieu et le moment de saisie et de génération d’une apparition.
L’exploration de l’espace composé des différentes œuvres devient exploration d’une mémoire collective. Elle structure une déambulation nourrie des traces et empreintes qui se relient entre elles au fur et à mesure du parcours. Elle conduit à une élaboration trans-individuelle d’un paysage utopique qui puise son énergie dans la rencontre active des œuvres et des regards.
Mettre en images le monde et son chaos. Questionner ou du moins laisser une trace, une empreinte dans ce territoire de la mémoire.